Notre équipe

J’ai découvert le métier d’orthophoniste alors que j’avais 14 ans. Un de mes petits frères bégayait depuis toujours, mais le bégaiement est devenu plus grave lorsque notre père est décédé. Un jour, mon frère est revenu de l’école et il était bouleversé parce que les enfants avaient commencé à l’agacer. Je m’inquiétais à son sujet, j’en ai donc parlé à une de mes enseignants et elle a suggéré que nous en discutions avec notre médecin de famille. Malheureusement, celui-ci n’a pas été d’une grande aide. Il a affirmé que le bégaiement disparaîtrait aussitôt que mon frère se remettrait de la mort de notre père. J’étais si furieuse qu’il ait suggéré que nous nous remettrions éventuellement de cet événement déchirant qui avait bouleversé nos vies que cela m’a motivée à chercher seule l’aide dont mon frère avait besoin. Je me suis mise à téléphoner dans les CLSC et les hôpitaux, m’adressant à différentes personnes jusqu’à ce qu’on me dirige vers le département d’orthophonie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. J’ai accompagné mon frère à sa première séance de groupe pendant l’été et je me souviens de ma rencontre avec l’orthophoniste qui allait contribuer à changer sa vie. À ce jour, mon frère contrôle de façon remarquable sa non-fluidité verbale, si bien que peu de gens se rendent compte qu’il bégaie. Lors d’une de ses séances, je me souviens m’être dit que, plus vieille, je voulais faire un métier qui aurait ce genre d’effet positif et déterminant sur les gens.

Puis, en 1998, j’ai obtenu mon diplôme d’études supérieures en orthophonie de l’Université McGill! À la fin de mes études, j’ai eu la chance d’obtenir un stage au Centre de la fluidité verbale de Montréal où l’on m’a offert du mentorat clinique, du soutien extraordinaire et de nombreuses occasions d’apprendre à titre de clinicienne. À la suite de mon stage, on m’a proposé un poste dans l’équipe et cela m’a permis de commencer à remplir la promesse que je m’étais faite à 14 ans. Au cours des vingt dernières années, j’ai eu le privilège d’aider des centaines d’enfants et leur famille, et de contribuer à changer leur vie. Après quelques années de pratique d’ordre général à évaluer et à traiter différents types de troubles de la parole et du langage, j’ai découvert là où j’étais la plus efficace et ce qui était le plus gratifiant pour moi : aider les enfants à apprendre à lire et leur fournir des stratégies pour comprendre ce qu’ils lisent. Je n’oublierai jamais la première fois qu’un enfant m’a regardé après avoir réussi à lire plusieurs mots grâce aux règles phoniques que je lui avais apprises. Il m’a demandé pourquoi personne ne lui avait enseigné cette méthode auparavant et s’il y avait d’autres règles qu’il pouvait apprendre. Je me souviens que sa mère pleurait et que j’avais les larmes aux yeux aussi, alors que l’enfant riait avec joie, heureux de son succès, et qu’il continuait à lire les mots sur la liste. Quel moment inspirant et gratifiant!

Au cours des vingt dernières années, j’ai travaillé fort au développement d’une spécialisation pour traiter et évaluer les enfants présentant des troubles d’apprentissage fondés sur le langage. Cependant, je sentais que les traitements n’étaient pas toujours adéquats. Heureusement, l’extraordinaire psychologue de notre équipe m’a permis d’effectuer avec elle des études de cas en groupe avec différents clients, et nous avons éventuellement réalisé que les enfants améliorent davantage leurs résultats scolaires lorsque nous combinons notre expertise dans le processus de traitement. Enthousiasmées par le succès de notre collaboration pour les clients que nous rencontrions lors de séances individuelles, nous avons réfléchi sur les façons de collaborer afin d’améliorer le sort de plus d’enfants à la fois. De cette réflexion sont nés deux programmes efficaces pour les préadolescents et les adolescents. Le premier projet consiste en un programme intensif d’été pour des groupes ciblant les compétences relatives à la compréhension de la lecture et au langage écrit. Ce programme unique est dirigé par une orthophoniste (moi-même) et une psychologue (D^re Marlene Desjardins) et est destiné aux enfants des écoles intermédiaires pour qui les services sont très limités. Les enfants apprécient le programme et constatent les avantages de celui-ci, au point où ils demandent de revenir année après année! Le deuxième projet pour lequel j’agis à titre de coordonnatrice adjointe est le Programme Taylor pour adolescents pour les enfants des écoles intermédiaires. Il s’agit d’un programme de tutorat stratégique parascolaire pour les enfants présentant différents types de troubles de l’apprentissage, notamment les troubles liés à l’alphabétisation et les troubles d’apprentissage fondés sur le langage. Ce programme m’a permis de jouer un rôle déterminant en vue d’aider les enfants à développer des stratégies favorisant leur réussite scolaire et sociale. En plus de ces deux programmes, j’ai été invitée cette année dans une classe de cinquième année pour présenter aux enseignants et aux élèves les différentes stratégies qui permettent d’améliorer la compréhension de la lecture. Pendant le processus, j’ai découvert que les enseignants constituaient des intermédiaires efficaces pour entrer en contact avec les enfants et changer leur vie. Former les enseignants sur les différentes méthodes efficaces permet de répondre aux besoins d’un plus grand nombre d’enfants, année après année. Bien que très enthousiaste à l’idée d’être invitée dans une école du quartier, j’étais très heureuse de faire partie, cette année, d’un projet qui fournit par téléconférence des services en milieu scolaire aux enfants habitant dans des régions éloignées du Québec, où les services de thérapie de la parole et du langage sont peu accessibles. Le succès de ce programme est très prometteur et évoque la possibilité de proposer des services aux enfants et aux familles provenant de différentes communautés, partout sur la planète!

En regardant vers l’avenir, j’espère poursuivre le renforcement de mon expertise et implanter les différents programmes dans lesquels j’ai eu le privilège de prendre part dans plus d’écoles et au sein de plus de communautés défavorisées ou éloignées, et ce, en vue de continuer à changer des vies d’une façon positive.